Aujourd’hui nous vous proposons de changer nos habitudes en présentant un nouveau type d’article sur le blog du WDfriday : l’interview, et nous commençons par celle d’Olivier Huard, avec une tendance récurrente du Web design : le pixel art.
Bonjour Olivier, peux-tu te présenter brièvement ?
Hello, je m’appelle Olivier Huard, j’ai bientôt 39 ans et je suis graphiste.
J’ai pour spécialité le pixel art(1) mais j’adore m’essayer à tout plein de domaines comme la photo, la vidéo, etc. J’ai également pratiqué la 3D mais bien sûr en low poly (avec le moins de polygones possible). J’aime aussi bidouiller un peu de code.
(1)J’ai pratiqué cette technique il y a quelques années pour le jeu Rayman sur Palm et Pocket PC, ainsi que pour divers autres jeux vidéos. Plus récemment, j’ai eu la chance de réaliser l’affiche de l’exposition Game Story au Grand Palais.
Tu as commencé sur Palm Pilot, donc une expertise pixel art sur écran. Tu nous racontes ?
J’ai même commencé bien avant, sur mon MO5 avec un logiciel qui se nommait Pictor et qui fonctionnait avec un crayon optique. Puis je suis passé par le papier millimétré colorié à la main, Deluxe Paint sur Amiga, Paint sur mon premier PC et ainsi de suite, en utilisant divers logiciels qui me permettaient de pratiquer de manière confortable.
J’ai très vite vu le potentiel des petits écrans pour s’amuser avec le pixel art, au moment ou l’on commençait à faire de la 3D à tout-va sur ordinateur.
Tu as également fait du print en pixel art, la transition a-t-elle été délicate ?
En fait le passage n’est pas si difficile si on tient compte de quelques réglages préalables. Il faut savoir que lorsqu’on veut imprimer une image en pixel art, il faut l’agrandir par un multiple de 2. Par exemple, je fais une image en 300*120px, si je veux l’agrandir pour du print, je devrais multiplier ses dimensions par 2, 4, 6, 8 ou plus au besoin, tout en faisant attention à la définition (dpi). Une fois les réglages effectués, on peut attaquer la réalisation.
Le pixel art est décrit comme une tendance, qui pourtant perdure. Comment l’expliques-tu ?
En effet c’est une tendance, mais c’est surtout un mouvement qui, par moments, retrouve ses lettres de noblesse. Je pense que s’il revient depuis quelques temps c’est parce qu’il joue beaucoup sur l’affect.
Les personnes qui ont grandi avec le pixel art arrivent aujourd’hui à un âge où leurs pouvoirs d’expression et d’achat le font revenir sur le devant des écrans. Le côté sentimental joue un rôle déterminant sur ce retour du pixel art. Les trentenaires ont la nostalgie de sessions de jeux avec leurs vieilles consoles et jeux fétiches de l’époque. Cela s’inscrit dans une mouvance “revival” qui s’observe dans de nombreux domaines : séries TV, jouets, mobilier, etc.
Tu retournes aujourd’hui vers le Web, avec notamment cette bannière pour Fred Cavazza : retour aux sources, ou évolution ?
Je pense que, comme quasiment toutes les formes d’expression artistique, elle a sa place sur un site Web. Le pixel art lui confère ce petit côté rétro qui fait appel une fois de plus à l’affect. C’est tout de même plus une évolution, car le pixel art ne s’illustrait que peu sur les sites Web ou portfolios, et encore, rarement en tant qu’élément visuel principal.
De nombreux Web designers se demandent ce qu’ils feront dans 3 ans ; et toi, comment imagines-tu le pixel art sur le Web à l’avenir ? Réservé à une niche ou tendance de fond ?
Pas simple comme question !
Je pense que cette technique va perdurer au travers de diverses formes, telles que les jeux “casual”, qui adorent jouer sur le côté “revival”. Cette technique sera plutôt une niche, car elle dépend, comme toutes les tendances, de la médiatisation que l’on en fait ; si la “mode” passe à autre chose, on en verra moins. Mais c’est un avantage car cela lui conférera un côté unique, qui le rendra d’autant plus apprécié.
Du fait de sa longévité, on peut également lui attribuer le titre de tendance de fond, car c’est tout de même un des premiers moyens d’expression artistique informatique que nous ayons eus. J’apparente cette technique à un savoir-faire qui tend à se perdre avec les nouvelles générations — et qu’il faut faire perdurer — car les futurs trentenaires n’auront pas connu de jeux en pixel art. Ils n’auront donc pas forcément l’envie de faire revivre un truc qu’il n’ont pas connu.
Tes conseils pour un designer Web qui voudrait justement s’intéresser au pixel art pour créer un site ?
Comme pour toute discipline artistique il faut pratiquer, s’entraîner avec des tutoriels et ne pas hésiter à recopier des choses déjà faites pour les disséquer. Ensuite, il faut beaucoup de patience et de minutie, car c’est une pratique qui ne supporte pas vraiment l’approximation. Maintenant pour une création de site, je conseille d’essayer de travailler sur de petits formats, comme des sites mobiles pour commencer, ou juste des éléments d’UI afin de se faire une base d’éléments réutilisables. Il faudra également faire attention à sa mise en page, car c’est du travail au pixel près et la moindre erreur impliquerait de refaire l’élément.
Et encore un truc : si vous utilisez Photoshop, n’hésitez pas à travailler avec les objets dynamiques et de la bonne musique :).
Merci pour tout.
Et vous, que pensez-vous du pixel art en tant qu’élément de Web design ? Vous y êtes-vous déjà essayé ?
Avec ceci ?
Un aperçu du travail de pixel art par Olivier Huard, dans lequel il présente, via un tutoriel, l’un de ses derniers projets.